Le trouble bipolaire n'est pas une tare, et si au contraire il rendait plus heureux ? À condition de le maîtriser à l'instar d'un cheval fougueux qu'il faudrait dompter...


On nous bassine avec la souffrance que nous « endurerions » :

On « souffrirait » du trouble bipolaire
On serait « atteint » d'une « grave maladie » « incurable »
On nous parle de « traitement à vie » avec une mine dépitée
On nous parle d'« handicap »  
On nous traite d'« invalide »
Bientôt, avec les progrès de la génétique, que conseillera-t-on aux femmes enceintes dont le foetus sera porteur des gènes le prédisposant au trouble bipolaire ??
Vraiment ? Vraiment une tare ?
Et si c'était une chance ? une qualité au lieu d'un défaut ? un cadeau du ciel ? Le sésame pour avoir une vie bien plus riche en joie, émotions, et bonheur que la moyenne ?
De ressentir tout plus fort, plus beau, plus intense à condition de maîtriser ces flux d'émotions, et si la clef c'était seulement de savoir maîtriser, de dompter ce fonctionnement de notre cerveau s’apparentant à un cheval fougueux ?

Et si c'était seulement qu'une histoire de maîtrise, domptage ?

Vous en doutez ?

N'avez-vous jamais un jour entre-aperçu l’œil un peu jaloux de ceux sans « tare » qui ne savent pas s’enthousiasmer autant que vous, qui vivent les choses moins fort ?
Ils ont beau vivre des choses parfois extraordinaires, pas d'étincelle.
Alors que nous, quel bonheur, la vie est tellement extraordinaire, si nous savons canaliser la fougue qui s'empare de nous dès qu'une chose est belle, voire mieux si nous savons l'exprimer au travers d'un art où comme par hasard nous sommes sureprésentés.
Je vous assure, nous sommes jalousés....

Et n'oubliez pas, certes, nous ressemblons à ces canaris que les mineurs emmenaient avec eux pour détecter les émanations de méthane dans les entrailles de la terre, comme l’a rappelé Sam Deltour, explorateur polaire, psychiatre en formation. Du fait de leur hypersensibilité, ils perdaient rapidement connaissance en présence de faibles concentrations de grisou, avertissant ainsi les mineurs du danger imminent.

Mais, cette métaphore, si pertinente soit-elle, n’est pas suffisante à nous définir. Comme ce dernier le rajoute d’ailleurs :
« Je ne vois pas mes patients comme de petits canaris vulnérables. Ils sont à mon sens ceux qui sont inconsciemment suffisamment courageux et forts pour exposer quelques points sensibles de cette société. »
Et,  s'il était juste question d'apprivoiser nos emballements, exaltations, pétulances, ardeurs, exubérances,  flammes et passions ... pour être totalement heureux, voire plus que la moyenne ?





Emmanuelle Douriez
Présidente association Psy'hope
Rédaction
Psy'hope.