Dire qu'on fait de "la pleine conscience", ça fait chic ! cette pratique débarque maintenant dans les entreprises, mais comporte des bémols (notamment qui a 40 mn pour méditer par jour ?). Christophe Deval (KPMG).
Les principes actifs de la pleine conscience (attendus) :
- Ralentir, diminuer votre réactivité ;
- Améliorer vos capacités de concentration ;
- Moins vous laisser dominer par vos pensées et vos émotions ;
- Davantage accepter ce que vous ne pouvez pas changer et profiter de ce que vous avez.
Trois bémols sur la pleine conscience en général, et sur sa place en entreprise en particulier :
- Ce n’est pas un remède miracle, du type : « tu as un problème ? Mets-toi à la méditation ! ». Les études qui attestent de son efficacité sont des moyennes. Cela ne veut pas dire que la pleine conscience convient à tout le monde. Par exemple, certaines personnes ont plus besoin d’agir, d’aller vers le monde plutôt que de contemplation intérieure.
- Le principal problème en entreprise est le format dans lequel la pleine conscience est introduite. Il s’agit très souvent des programmes classiques (MBSR ou MBCT), qui impliquent 8 semaines avec 40 minutes de méditation par jour. Qui va prendre ce temps, dans nos contextes de vie ? Mon expérience est que ce sont les fanas de développement personnel ou de spiritualité et les personnes qui ont eu un problème type dépression ou burnout. Ceux-là ont la motivation nécessaire. Mais comme le principe de la pleine conscience est de pratiquer sans rien en attendre, peu de chances que cette formule permette de diffuser au plus grand nombre cette pratique.
- Le dernier problème est le contraste entre la pleine conscience et la réalité des entreprises aujourd’hui. Apprendre à ralentir, ne rien faire ou être moins réactif est pour le moins paradoxal quand il s’agit, par ailleurs, d’aller toujours plus vite, d’être toujours plus productif mais aussi plus souvent dérangé.
"Au final, la pleine conscience en entreprise, je dis oui ! Mais, oui, aussi, pour des approches moins exigeantes en termes d’investissement. D’autres courants validés utilisent la pleine conscience en formule courte, pour mieux voir nos réactions, notre contexte et donc mieux piloter notre vie (comme l’approche ACT où, en quelques heures, on peut apprendre à mieux s’observer et faire des choix dans l’instant). Et surtout oui, si on réfléchit par ailleurs aux contextes que nous avons mis en place en entreprise. Les entreprises cherchent sans doute parfois à se donner bonne conscience avec la pleine conscience (sic !) ? Peu importe. Ça marche, donc on prend ! Mais, ça ne veut pas dire qu’on doit s’en contenter…"
Article de C.Deval dans myhappyjob.fr.
Directeur du développement des talents chez KPMG, Christophe Deval est psychologue clinicien, thérapeute spécialisé en thérapies comportementales et cognitives (TCC) et en thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT). Il est aussi co-auteur de Vous avez tout pour réussir et Simplifiez vos relations avec les autres (Intereditions).
http://www.myhappyjob.fr/la-pleine-conscience-a-t-elle-sa-place-en-entreprise/Approche ACT : http://www.psychomedia.qc.ca/psychotherapie/qu-est-ce-que-la-therapie-d-acceptation-et-d-engagement