La descente en enfer du bipolaire (ARCINFO.CH)




Les troubles bipolaires sont en effet des troubles de l’humeur que le cerveau ne sait plus réguler.

"La maladie bipolaire présente presque autant de visages que les personnes qu’elle atteint. Certains patients connaissent des épisodes vraiment extrêmes, dépressifs et maniaques, qui peuvent durer plus d’une semaine et les laisser vidés. D’autres passent par des phases plus courtes, moins graves, mais connaissent néanmoins une vie perturbée par ces hauts et ces bas. Pour certains, les épisodes sont fréquents mais pour d’autres, il peut se passer plusieurs années sans qu’ils en soient affectés.


«Les patients restent bipolaires à vie mais, avec un traitement adapté, la très grande majorité d’entre eux pourra vivre confortablement, même si certains regrettent de temps en temps l’énergie délirante des épisodes maniaques...». 


Sans traitement, la maladie elle-même peut en outre s’aggraver en «imprimant» sur le cerveau des circuits de fonctionnement inadéquats alors que le cerveau peut «se réparer» grâce au traitement.


Comme les médicaments, la psychothérapie a un effet sur le fonctionnement du cerveau. De nombreuses études montrent ainsi que le fait de réduire la fréquence et l’intensité des symptômes de la bipolarité par divers traitements permet de modifier la structure même du cerveau, qui retrouve ainsi une meilleure capacité naturelle à réguler l’humeur.


L’horloge biologique est également un facteur majeur dans la régulation de l’humeur et la bipolarité est plus visible chez les patients travaillant à des horaires irréguliers (infirmières, ouvriers aux 3 × 8, déplacements fréquents dans d’autres zones horaires...). Pour tous les patients, il est utile de mettre en place un mode de vie régulier, pour faciliter la stabilisation de l’humeur.


Chez le jeune adulte, le médecin aura la lourde tâche de convaincre son patient qu’il ne lui sera plus possible de sortir un soir sur deux et que la vie de «bâton de chaise» n’est pas une option… Le sommeil est lourdement affecté par la maladie et l’une des stratégies consiste à réguler les habitudes de coucher et de réveil pour reprogrammer l’horloge interne. L’horloge interne fonctionne notamment en rapport avec l’alternance jour/nuit: il est important de créer, même artificiellement, une période «sombre» pour réguler le sommeil. Certains spécialistes recommandent l’utilisation de lunettes jaunes spécifiques ou de filtres éliminant la lumière bleue des écrans après une certaine heure.


Les troubles bipolaires se révèlent le plus souvent chez l’adolescent et le jeune adulte, un âge où l’humeur est déjà mise à rude épreuve. «L’humeur est une fonction normale d’adaptation à l’environnement, comme la température, la glycémie ou la tension artérielle. On n’est pas bipolaire dès qu’on a l’humeur changeante»rappelle le Pr Jean-Pierre Kahn. «Il faut s’interroger lorsque ses variations sont excessives par rapport aux changements dans sa vie.»


«Face à un épisode dépressif, même si le patient ne parle pas spontanément d’épisode maniaque, il faut toujours l’interroger sur une éventuelle maladie bipolaire chez un parent proche», indique le Pr Thierry Bougerol."



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