Pourquoi une basse estime de soi peut-elle nous pousser à boire de l'alcool ?


La thèse de Christophe André, et François Lelord, psychiatres et auteurs réputés, est que l’alcool est souvent une tentation pour les personnes dont l'estime de soi est basse pour ses effets euphorisants, sentiment de détente, désinhibition...Or, bien-être et facilité d'action manquent justement à la personne qui a une estime de soi basse.

Pourquoi une basse estime de soi peut-elle nous pousser à boire de l'alcool ?

  • L’alcool aide à échapper à la vision critique que nous avons de nous-même.
Plus on porte un regard négatif sur soi, plus on cherche à oublier nos sentiments d'échec, ou/et échapper à notre sentiment de culpabilité. D'ailleurs, les médecins nazis qui devaient sélectionner les "inaptes" destinés à la chambre à gaz, le faisaient souvent sous l'emprise de l’alcool pour échapper à leur culpabilité (référence : "les nazis doctors").
  • L’alcool est un puissant désinhibiteur qui facilite le passage à l'acte.
La difficulté à agir des personnes à estime de soi basse peut être contrecarrée par l'alcool, il les empêche de suranticiper et donc d'être bloquées dans l'action, à tel point que les auteurs parlent de "myopie de l'anticipation" grâce à l'alcool.
  • L'influence sociale.
Beaucoup de circonstances de la vie en groupe (fêtes, réunions familiales et amicales) mettent en situation de boire de l'alcool. Les personnes à estime de soi basse sensibles à être conformes au groupe, auront tendance à consommer.  

Pourquoi la prise régulière d'alcool diminue t-elle l'estime de soi ?

  • L'alcoolisme conduit à la dépression :

98% des alcooliques souffriront  à un moment ou un autre de dépression.
Est-ce parce que les alcooliques sont déprimés qu'ils boivent ?
Il semblerait plutôt que la dépression soit un effet secondaire de l’alcoolisme.
  • L'alcoolisme altère l'estime de soi.

La plupart des alcooliques chroniques présentent une basse estime de soi. Dans tous les cas, elle est très instable. Certains ont toutefois des confiances en soi élevées.
Leur attitude oscille entre déni et désespoir : de "ce n'est pas si grave" à "je ne pourrai jamais m'en sortir".  Se déprimer ou se mentir. Aucune n'étant efficace.

Domaine en jeu
Attitude dans les moments d’effondrement de l’estime de soi
Attitude dans les moments de protection de ‘l’estime de soi
Acceptation du problème d’alcool
Désespoir
Déni
Regard social sur son alcoolisme
Honte
 Défi
Responsabilité de l’alcoolisme
Culpabilité
Accusation des autres (famille)

Comment ces personnes peuvent restaurer l'estime de soi ?

Selon les auteurs, c'est une maladie dure à soigner et décourageante, car les rechutes sont fréquentes.
Conseils/moyens pour s'en sortir :
-  Médicaments
-  Psychothérapies
- Faire partie d'un groupe d'anciens buveurs (ex. les Alcooliques Anonymes). 
Pourquoi : pour y trouver un soutien, pour ne pas se sentir seul(e) face aux efforts, se dire que l'alcool est une maladie, avec un phénomène de diminution du sentiment d'autodévalorisation. N'envisager les efforts que 24 h par 24 h. Amélioration de la connaissance de soi ("inventaire moral minutieuse de nous-même").
De manière générale : Entretenir et réparer son estime de soi, en en comprenant les mécanismes. Se dire qu'on peut se changer...grâce aux progrès des neurosciences, on sait désormais que c'est possible grâce à l'incroyable plasticité du cerveau, que l'on nomme neuroplasticité cérébrale
"Se dire qu'on est comme ça ... revient à sous-estimer considérablement le pouvoir de transformation de notre esprit", "Nos habitudes sont les mêmes tant qu'on ne fait rien pour les changer", "Nous avons tous en nous un mélange d'ombres et de lumières, mais cela ne veut pas dire que nous sommes condamnés à rester ainsi pour toujours". Matthieu Ricard.



Vulgarisation de la neuroplasticité
14/10/2016