Qu'est-ce que le Rétablissement ?
Sources : psycom.org ; wikipedia
Le « rétablissement » est un concept anglo-saxon qui trouve son origine dans des mouvements d’usagers des années 1980 et 1990, qui prônaient la reprise du pouvoir d’agir (empowerment) et la défense des droits. Il désigne un cheminement personnel de la personne pour se réapproprier sa vie et se réinsérer dans la société. Le rétablissement incarne le renoncement au modèle médical en venant remplacer la notion de guérison.
L'« empowerment » est une notion récente apparue il y a quelques décennies, désignant l’accroissement de la capacité d’agir de la personne malade via le développement de son autonomie, la prise en compte de son avenir et sa participation aux décisions la concernant. Il est étroitement lié à la notion de rétablissement. Ce concept est apparu en France dans les années 1990, sous l'impulsion des personnes vivant avec le VIH-sida. Il s’est vu renforcé par la loi du 4 mars 2002 relative au droit des malades et à la qualité du système de santé, qui consacre les usagers comme des acteurs de leur propre santé. Ainsi que par la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, qui propose d’une part une définition du handicap psychique et crée d’autre part les groupes d’entraide mutuelle (Gem).
Principes : Le rétablissement est à la convergence de plusieurs concepts : apprentissage de l’autonomie, autogestion, droits des personnes handicapées, inclusion sociale et réadaptation.
Étapes : Le rétablissement est un cheminement propre à chaque personne, dans lequel chacun s’investit différemment. À la suite d’un très grand nombre d’entrevues auprès d’usagers, Andresen, Caputi et Oades (2006) font observer que ce processus semble se diviser en cinq étapes :
Le processus de rétablissement est un phénomène individuel singulier, parfois chaotique, fait de rechutes :
- Environ 30 % des personnes se rétablissent dans les 5 premières années ;
- 30 autres % se rétablissent également plus ou moins totalement, après 25 ans de maladie ;
- 30 à 40 % continuent à être malades, voire voient leur état s’aggraver.
Le rétablissement est un phénomène collectif car il implique que les personnes puissent trouver un entourage favorisant : des relations affectives des amis/une famille, un/des rôles sociaux gratifiants/utiles dans des groupes/collectifs. Le processus de rétablissement est bien plus que la maîtrise des symptômes, c’est aussi et d’abord retrouver une estime de soi, des rôles valorisants et un bien-être.
Un certain nombre de caractéristiques ou de signes ont été proposés comme éléments souvent essentiels au rétablissement, notamment :
- L'espoir : La recherche et l'entretien de l'espoir est une clé de la guérison. Optimisme, croyance durable en soi et volonté de persévérer dans un monde incertain et porteur de nombreux revers. L'espoir peut agir comme un déclic, un tournant ou apparaître progressivement au sein d'un sentiment ténu et fragile, et peut fluctuer avec le désespoir. Il faut favoriser la confiance, risquer la déception, et parfois même l'échec.
- Satisfaction des besoins de base : Un logement approprié, un niveau de revenus suffisant, l'absence de violence, et un accès adéquat aux soins ont également été mis en avant. Il a été suggéré que le logement est l'endroit où la guérison peut commencer.
- Estime de soi : Le rétablissement d'un sentiment durable d'estime positive de soi, s'il avait été perdu ou enlevé, a été cité comme un élément important. Il a été suggéré que le processus est généralement grandement facilité par des expériences de relations interpersonnelles où les personnes sont acceptées, de réciprocité, et un sentiment d'appartenance sociale.
- Entourage/Soutiens : Présence d'un entourage qui croit au potentiel de rétablissement de la personne à se rétablir, et sur qui celle-ci peut compter. Alors que les professionnels de la santé mentale peuvent offrir un certain type de relation limitées et aider à encourager l'espoir, les relations avec les amis, la famille, et la communauté sont souvent d'un importance plus large et offrent un appui dans le long terme. D'autres ayant connu des difficultés similaires, vivant un processus de rétablissement, peuvent être d'une importance particulière (ou la pair-aidance, informelle, associative ou professionnelle). Ceux qui partagent les mêmes valeurs et perspectives en général (pas seulement dans le domaine de la santé mentale) peuvent également être particulièrement importants. On admet que les relations unidirectionnelles fondées sur l'aide reçue peuvent être source de dévaluation personnelle, et que des relations réciproques et des réseaux de soutien mutuel peuvent être générateur d'une bonne estime de soi et propices à favoriser le rétablissement.
- Stratégies d'adaptation : Le développement de stratégies d'adaptation personnelles (y compris l'auto-gestion ou l'auto-assistance) est considéré comme une « compétence sociale » primordiale à acquérir pour les personnes et à mettre en avant et valoriser pour les professionnels de santé et accompagnants de tous types. Ces stratégies individuelles peuvent porter sur l'utilisation des médicaments ou la psychothérapie.Cela nécessite que la personne devienne son propre expert, afin d'identifier les principales contraintes, points d'entrée et de sortie de crises possibles, et de comprendre et développer des façon personnelles de réagir et de s'adapter. Être capable d'évoluer peut signifier avoir à faire face au sentiment d'échec, qui peuvent comprendre le désespoir et la colère. Quand un individu est prêt, cela peut signifier un processus de deuil. Il peut être nécessaire d'accepter les souffrances du passé et les occasions perdues ou le temps perdu.
- Construction du sens : Développer un sentiment d'utilité et de sens global est important pour maintenir le processus de rétablissement. Cela peut impliquer le rétablissement ou le développement d'un rôle social, d'un travail. Il peut s'agir également de renouveler, de trouver ou de développer un guide philosophique, spirituel, politique ou culturel. Du point de vue postmoderne, cela peut être considéré comme l'élaboration d'un récit autobiographique.
....etc.
Un ouvrage à paraître sur ce sujet :
Un ouvrage collectif, sous la direction de Jean-Paul Arveiller, Bernard Durand et Brice Martin tente de faire le point sur le rétablissement en donnant la parole à des usagers et à des professionnels se référant à des modèles théoriques différents. Sil pouvait contribuer à apporter sa pierre en vue de fédérer des pratiques autour de valeurs communes, il aurait atteint son but, selon ses auteurs.
Auteurs : Jean-Paul Arveiller est psychologue clinicien, rédacteur en chef de la revue Pratiques en santé mentale. Ancien secrétaire général de la Fédération Croix-Marine d’Aide à la santé mentale. Bernard Durand, psychiatre, ancien chef de service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent au CHI de Créteil. Il s’est particulièrement intéressé à la dimension du handicap dans les troubles psychiques et aux démarches de réhabilitation. Il est président de l’Association de santé mentale « La Nouvelle Forge » en Picardie qui gère à la fois des services de soins et des structures médicosociales. Président d’honneur de « Santé Mentale France ». Brice Martin est psychiatrie, praticien hospitalier au centre référent de réhabilitation de l’hôpital du Vinatier, à Lyon.