Grandir dans un milieu jugé hostile avance l'âge de la maturité sexuelle et de la procréation, tout en conduisant à négliger sa santé à long terme (Stratégie "court-termiste" de l'organisme face à un environnement précaire), INSERM 28/10/2017.

Coralie Chevallier, chercheuse à l'Inserm au sein du Laboratoire de neurosciences cognitives de l'École Normale Supérieure (ENS) de Paris, a cherché à déterminer si la procréation précoce et la négligence face à santé faisaient partie d'une seule et même stratégie "court-termiste" de l'organisme face à un environnement précaire.

L'idée est que "les comportements relatifs à la procréation et à la santé seraient définis au cours du développement et selon l'hostilité perçue de l'environnement".

L'idée est qu'il y a un lien entre l'environnement pendant l'enfance :
-investissement des parents
-éducation reçue
-expériences personnelles
-difficultés familiales…
et :
la "stratégie reproductive" de ces mêmes personnes :
-nombres d'enfants
-âge de la 1ère grossesse
-âge du premier rapport sexuel et nombre de partenaires
-état de santé (IMC, ressenti personnel sur l'état de santé, volonté de rester en bonne santé et consommation de tabac).

Cette idée est confirmée par cette étude : il existe bien une association entre la précarité durant l'enfance et la stratégie de reproduction et de santé des individus : fertilité et vie sexuelle précoces, arrivée du premier enfant plus tôt, moins bonne santé à l'âge adulte (surpoids, tabagisme...). Notamment, le signal "violence au sein de la famille"prédit la stratégie de préservation "rapide" des personnes en ayant été victimes. 

C'est une théorie que l'on pourrait dénommer "théorie de l'accélération psychosociale": les individus vivant dans un environnement hostile vont adopter des stratégies de développement "rapides" de façon à augmenter les chances de reproduction de l'individu avant de mourir.  Une stratégie "court-termiste" qui conduit à négliger les effets néfastes à long terme de certains comportements sur la santé comme par exemple le tabagisme. 

Aujourd’hui, on fait comme si ces comportements à risque étaient le résultat d'un choix volontaire et sous contrôle, alors que cette étude prouve qu'on peut les attribuer (en partie) à des mécanismes évolués visant à maximiser les récompenses à court terme par rapport aux investissements à long terme dans un environnement perçu comme dangereux.

Selon Coralie Chevallier, ce travail est important pour les pouvoirs publics : "l'exposition à des environnements précaires dans l'enfance a des conséquences importantes tout au long de la vie et doit faire l'objet de politiques publiques ciblées".


* cet article irait dans le sens de toutes les publications sur la puberté plus précoce dans les milieux socio-culturels moins favorisés, notamment aux E.U chez les petites filles afroaméricaines par rapport aux petites filles blanches : 1 sur 10 chez ces dernières, contre 1 sur 4 pour les premières. Ces dernières vivants dans un environnement en moyenne plus bas socio-culturellement. Lien à prendre avec précaution toutefois.