La dépression n'est pas une fatalité, interview de JP Olié, médecin à Ste Anne (site sante.lefigaro.fr, 24.07.2018)

"La dépression n’est pas une simple réaction psychologique mais une maladie dont il reste à découvrir bien des mécanismes physiopathologiques. Ce dérèglement de l’humeur perturbe ce qui est le plus profondément humain: nos façons de choisir, de penser, d’aimer... Cela n’est pas facile à comprendre: nous cherchons trop souvent une explication psychologique alors qu’il faut appréhender les dysfonctionnements neurobiologiques de la dépression."


Ø  Le noyau de la dépression est la douleur psychique, dont on sait désormais qu’elle est portée par les mêmes réseaux de neurones que la douleur physique. C’est d’ailleurs ce qui permet de comprendre que les manifestations douloureuses (maux de tête, de dos, douleurs musculaires…) soient aussi des symptômes de ce mal.
Ø  Les dépressions sont des maladies complexes. Que sait-on sur le facteur génétique? Qu’il n’existe pas un gène de la dépression mais différentes formes de gènes qui peuvent intervenir. Cela confirme le rôle d’une vulnérabilité génétique (ou au contraire une protection naturelle) et laisse entrevoir la possibilité d’aller plus loin en identifiant des sous-types de dépression selon le profil génétique. Mais gare à ne pas concevoir le génome comme un élément statique, définitivement arrêté au moment de la conception!
Ø  L’environnement, notamment durant le développement du cerveau de l’enfant, est capable d’activer ou de freiner l’expression du patrimoine génétique. Et cela peut définitivement marquer l’individu. Nous savons que les carences affectives durant l’enfance, les séparations et autres traumatismes sont significativement plus fréquents chez les déprimés adultes. Les événements de vie négatifs ont un poids évident avant le premier épisode dépressif, alors qu’ils s’avèrent facultatifs lors des épisodes suivants, comme si, une fois la brèche ouverte, la dépression était capable de se manifester par elle-même.