Face aux événements anxiogènes actuels : souci normal ou souci pathologique ? L'impact du TAG



Face aux événements actuels, il y a le souci normal et il y a le souci pathologique.
Les personnes souffrant d'un TAG (trouble anxieux généralisé) sont particulièrement vulnérables aux événements des dernières semaines sachant que peu sont bien diagnostiquées, le trouble étant masqué par des comorbidités, et donc mal pris en charge. 6% de la population est ou sera concerné, si on prend la vie entière. 1,5 % population générale (avec 2 % femmes, 1 % hommes) sur 12 mois. La souffrance psychique est constante pour beaucoup d’entre eux et le retentissement sur leur vie, majeur (déjà en temps normal). En ces temps anxiogènes, le risque est grand que celle-ci soit majorée. L’occasion dès lors de se pencher sur les mécanismes et traitements de ce trouble (TAG) à partir d’un article de l’association AFATD et écrits de Christophe André pour mieux le comprendre et savoir comment y faire face.

A partir de l'article « Le TAG » - Association française des troubles anxieux et de la dépression tcc.apprendre-la-psychologie.fr :


Ø  Le TAG (trouble anxieux généralisé) est caractérisé par la présence d’inquiétudes et d’anxiété excessives et chroniquesLa littérature démontre clairement que les patients qui souffrent d’un TAG ont tendance à effectuer un traitement préférentiel de l’information à caractère menaçante (biais attentionnel).
Ø  Le souci est le symptôme central du TAGSouci : "État de l'esprit qui est absorbé par un objet et que cette préoccupation inquiète ou trouble jusqu'à la souffrance morale." (Le Petit Robert). Le souci et les comportements associés procurent une illusion de contrôle sur l'environnement et ses dangers supposés. On trouve en général chez elles de nombreuses croyances et pensées positives concernant le souci : Si je ne m'étais pas inquiétée, il aurait pu lui arriver un malheur.
Ø  L'intolérance à l'incertitude est un élément clé chez les personnes souffrant de TAG.Intolérance à l’incertitude : tendance excessive de l’individu à considérer comme inacceptable la possibilité, si minime soit elle, qu’un événement négatif incertain survienne.
Ø  Temps moyen quotidien passé à se faire du souci (auto-observation sur deux semaines)
ü  Patients non-TAG : 55 minutes par jour.
ü  Patients TAG : 310 minutes par jour.
Ø  Difficile à diagnostiquer car le trouble est égo-syntonique, c'est-à-dire que les pensées du patient (inquiétudes et ruminations pathologiques) sont conformes à ses valeurs (par exemple, je m’inquiète pour mon fils parce que je l’aime), ce qui engendre peu de demande directe.


Souci normal / souci pathologique tcc.apprendre-la-psychologie.fr :

Souci normal
Souci pathologique
Le souci est occasionnel
L'anxiété est constante
L'entourage comprend le souci
L'entourage trouve le souci excessif
Manisfestation somatiques discrètes
Manifestations somatiques importantes
Le souci est contrôlable
Le souci est incontrôlable
Le souci est mobilisant et aide à la recherche et mise en oeuvre de solutions
Le souci est paralysant

Modèle comportemental et cognitif, une vision du monde par C.André :

ü  Le monde est plein de dangers et de menaces. 
ü  Je suis fragile, et ceux que j’aime sont fragiles. 
ü On peut survivre, à condition de prendre toutes les précautions adéquate
ü  Perception menaçante des stimuli ambigus
ü  Intolérance à l’incertitude et à l’ambiguïté 
ü  Permanence de l’anticipation, même dans les moments non associés à une émotion anxieuse perceptible. 
ü  Difficulté à interrompre le mouvement anticipatoire vers l’instant suivant.

Symptômes tcc.apprendre-la-psychologie.fr :

Symptôme

%

Fatigue
78 %
Manque de concentration
74 %
Irritabilité
74 %
73 %
Myalgies
59 %
Palpitations
58 %
Tremblements
50 %
Mains moites
49 %
Vertiges
43 %
Frissons
41 %

Quelles différences entre TAG/phobie sociale/TOC/hypocondrie : 

Les modèles du TAG (causes et fonctionnement) : tcc.apprendre-la-psychologie.fr


Il existe différents modèles sur la cause et le fonctionnement du TAG, chacun va nous donner des pistes sur les stratégies thérapeutiques à employer en fonction de l'analyse fonctionnelle que l'on fera avec le patient. Le principal point commun de ces différents modèles est l'évitement des expériences internes liées à la peur. 
Ø  Biais attentionnel : la littérature démontre clairement que les patients qui souffrent d’un TAG ont tendance à effectuer un traitement préférentiel de l’information à caractère menaçante. Certains auteurs proposent que le biais attentionnel n’est pas simplement une conséquence du trouble, mais qu’il jouerait un rôle important dans son apparition et son maintien.Il y aurait également une perception exagérée des menaces et de leurs conséquences basée sur un schéma d'anxiété/vulnérabilité. (Le modèle classique : Tallis, Eysenck, Barlow). 
Ø  Le modèle de l'évitement par le souci Inquiétude ou soucis : « un ensemble de pensées, d'images et de doutes qui s'enchaînent, qui portent sur des événements négatifs futurs et qui s'accompagnent d'anxiété ». Les ruminations et les inquiétudes ont le même processus, mais les soucis sont tournés vers le futurs et les ruminations vers le passé.Le modèle de l'évitement par le souci postule que, face à la peur, le sujet met en place une réponse cognitive « le souci » qui inhibe les conséquences aversives liées à la peur. Les soucis engendrent une activité mentale verbale qui va inhiber les images, les symptômes somatiques et l'activation émotionnelle des individus. Le souci s'inscrit dans un processus de renforcement négatif ce qui explique pourquoi il va se maintenir. Le souci est également renforcé par les croyances positives que l'individu a à son sujet.
Ø  Le modèle basé sur l'acceptation (Acceptance-Based Model of Generalized Anxiety Disorder - ABM). Les concepteurs de l'ABM suggèrent que les personnes avec TAG ont des réactions négatives à leurs propres expériences internes et sont motivées à essayer de les éviter, ce qu'ils font à la fois d'un point de vue comportemental et cognitif (avec un engagement répété dans le processus d'inquiétude). Un cercle vicieux peut commencer par une menace externe perçue, il peut également débuter par une expérience interne seule. Une fois le processus amorcé, les expériences internes jouent un rôle plus important dans son maintien.
Ø  Le modèle de l'intolérance à l'incertitude (Intolerance of Uncertainty Model - IUM). L'idée clé de ce modèle est que l'intolérance à l'incertitude est l'aspect le plus spécifique du TAG. Les études montre que plus on est tolérant, moins on se fait du souci.

Synthèse et comparaison des différents modèles :

Champ
Modèle
Synthèse
Intégratif
Modèle de l'évitement par le souci
Le souci est une stratégie qui permet d'éviter des stimuli davantage « chargés » émotionnellement.
Cognitif
Modèle de l'intolérance à l'incertitude
Le souci permet d'éviter de composer avec l'incertitude.
Cognitif
Modèle métacognitif
Les individus luttent contre le souci du souci.
Emotionnel et comportemental
Modèle du dérèglement émotionnel
Le souci est une des stratégies inadaptées que la personne met en place pour gérer et éviter les émotions difficiles.
Emotionnel et comportemental
Modèle de l'acceptation
Le souci est une des manières d'éviter le vécu expérientiel des sensations internes.

 

Pour lutter contre le TAG :


ü  médicaments
ü  TCC spécifiques (auto-observation, pensées alternatives, recul envers le souci, comprendre les différents types de soucis (actuels/éventuels), comprendre l’intolérance à l’incertitude..)
ü  hygiène de vie (bien être, activité physique...)
BIBLIOGRAPHIE ANXIÉTÉ GÉNÉRALISÉE 
Christophe André : Les états d’âme. Un apprentissage de la sérénité. Odile Jacob, 2009. Christophe André et Muzo, le chapitre TAG in : Petites angoisses et grosses phobies, Seuil, 2002. 
Albert Ellis : "Dominez votre anxiété". Éditions de l'Homme, 1999. 
Robert Ladouceur: Arrêtez de vous faire du souci pour tout et pour rien. Odile Jacob, 2003. Évelyne Mollard : La peur de tout. Odile Jacob, 2003. 
Dominique Servant : Soigner le stress et l’anxiété par soi-même. Odile Jacob,

Sources :