L'étude de référence aujourd’hui sur l’utilité scientifiquement démontrée de la pair-aidance pour réduire les rechutes (the Lancet)

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Réduire les rechutes grâce à ses pairs, c'est scientifiquement démontré !
Efficacité reconnue de l'"auto-gestion grâce au soutien des pairs" ou "Pair-aidance" (peer supported)

"Peer-supported self-management for people discharged from a mental health crisis team: a randomised controlled trial" University College London, The Lancet, 04/2018

Contexte

Les dépenses importantes en ressources pour les soins de courte durée constituent un défi pour les services de santé mentale qui visent à soutenir le rétablissement et les rechutes après une crise aiguë sont courantes. Certaines données probantes appuient les interventions d'autogestion visant à prévenir de telles rechutes, mais leurs effets sur les réadmissions en soins de courte durée à la suite d'une crise n'ont pas été testés. L'équipe de recherche a testé si une intervention d'autogestion facilitée par des pairs aidants pourrait réduire les taux de réadmission en soins de courte durée pour les personnes renvoyées des équipes de résolution de crise, qui fournissent un traitement intensif à domicile après une crise.

Les méthodes

Un essai de supériorité contrôlée et randomisée a été réalisé en recrutant des participants de six équipes de résolution de crise en Angleterre. Les participants éligibles faisaient partie de l'équipe de résolution de crise depuis au moins une semaine et avaient la capacité de donner leur consentement éclairé. Les participants ont été assignés au hasard à des groupes d'intervention et à des groupes de contrôle par un gestionnaire de données non masqué. Ceux qui collectaient et analysaient les données étaient masqués, mais les participants ne l’étaient pas. Les participants du groupe d’intervention ont été accompagnés jusqu’à dix séances avec un pair aidant qui les a aidés à remplir un cahier de travail personnel, y compris la formulation d’objectifs personnels et de plans de crise. Le groupe de contrôle a reçu le classeur de récupération personnel par courrier. Le résultat principal était la réadmission en soins de courte durée au bout d'un an. 

Interprétation

Les résultats suggèrent que "l'autogestion assurée par les pairs" [pair-aidance] réduit le nombre de réadmissions en soins de courte durée, bien que les taux d'admission soient inférieurs aux prévisions et que les intervalles de confiance soient relativement grands. La complexité de l’étude limite l’interprétabilité, mais il est nécessaire de déterminer si la mise en œuvre de cette intervention dans un cadre de routine réduit le nombre de réadmissions en soins de courte durée.

Discussion
  • L'effet observé sur le résultat principal suggère que l'intervention d'"autogestion par les pairs" réduit le nombre de réadmissions en soins de courte durée après une période de prise en charge par une équipe de crise, confirmant ainsi l'hypothèse principale, bien que les intervalles de confiance soient relativement larges.
  • Cet essai apporte des preuves prometteuses d'interventions d'autogestion pour les personnes présentant des problèmes de santé mentale importants: leur recherche systématique dans la littérature n'a pas permis de trouver un autre essai substantiel montrant un effet sur les réadmissions en soins de courte durée. 
  • Il aborde le besoin de preuves sur la manière de prévenir les crises répétées et fournit la preuve la plus solide à ce jour pour l'efficacité de toute intervention fournie par des pairs dans un établissement de santé mentale secondaire du Royaume-Uni
  • Il ajoute également aux preuves tirées d'essais menés aux États-Unis que des interventions structurées axées sur le rétablissement et offertes par des pairs, y compris une composante de prévention des rechutes, telle qu'un plan d'action pour le mieux-être et le rétablissement, ou classeur de récupération peut améliorer les résultats pour les utilisateurs de services de santé mentale. Une nouvelle découverte qui montre l'efficacité d'une telle intervention pour prévenir la rechute des utilisateurs de services de crise.
  • Pour les autres mesures secondaires, il y avait une différence dans la récupération perçue à 4 mois, mais cette différence n'était plus significative dans une analyse de sensibilité ajustée en fonction des prédicteurs de l'absence. Les effets sur les autres résultats sur 4 mois, tels que les compétences en autogestion et les symptômes, ont favorisé l'intervention, mais les différences n'étaient pas statistiquement significatives. Ces différences avaient en grande partie disparu au bout de 18 mois, à l’exception de la taille du réseau. Ces résultats étaient moins positifs que dans certaines études antérieures sur l’autogestion de la santé mentale et n'a pas fourni une base solide pour expliquer le mécanisme par lequel l'effet sur le résultat principal a été obtenu. 
  • Il est à noter qu'une évaluation australienne non contrôlée du soutien par les pairs à la suite d'une hospitalisation pour soins aigus a révélé des effets positifs.
  • Cette étude doit être répétée pour confirmer les résultats. Une meilleure compréhension des composants critiques et des mécanismes d’effet de l’intervention est également nécessaire. Une telle compréhension est particulièrement pertinente dans la mesure où les améliorations des symptômes et du soutien social sont des mécanismes potentiels pour réduire les taux de rechute, mais les différences sur ces résultats n'étaient pas significatives. Une évaluation des données de l'essai CORE examinera si la relation avec le pair aidant et l'achèvement du plan de rétablissement ont des effets indépendants sur les résultats, et évaluera qualitativement les expériences de l'intervention. En outre, l'intervention doit faire l'objet d'une enquête du point de vue de la mise en œuvre. Des recherches sont nécessaires sur la manière d'intégrer et de maintenir l'autogestion par les pairs dans les services de routine,
  • L'essai fournit un support pour le déploiement plus large et plus systématique de pratiques qui attirent déjà un soutien considérable des planificateurs de services et des utilisateurs de services eux-mêmes. Idéalement, cette mise en œuvre devrait être liée à une évaluation de méthodes mixtes des résultats de ce déploiement dans différents contextes.