Les différences entre la méditation de pleine conscience (Mindfullness Based Stress Reduction - MBSR) et la méditation orientale (bouddhiste) ? (par Jon Kabat Zin, professeur de médecine, ayant adapté la méditation pour les occidentaux, fondateur MBSR)

La mindfullness (Mindfullness Based Stress Reduction - MBSR)  ou méditation de pleine conscience: technique élaborée dans un contexte médical et scientifique par Jon Kabat Zin aux USA (enseignement de l'essence du dharma)
VERSUS 
La méditation orientale : issue des enseignements originels du bouddhisme (bouddha dharma).

Article retranscrit du site : https://bouddhanews.fr


"De passage à Paris, Jon Kabat-Zinn (JKZ), fondateur du Center for Mindfulness in Medicine, de la Clinique de réduction du stress (Stress Reduction Clinic) et professeur de médecine de l'Université du Massachusetts, s’est entretenu sur son enseignement de MBSR (Mindfulness Based Stress Reduction), une formation à la méditation de Pleine conscience. Il explique ici la différence entre cette technique, élaborée dans un contexte médical et scientifique, et les enseignements originels du bouddhisme, situant la place et le devenir des enseignements de la Mindfulness dans le monde contemporain."

*La méditation, libératrice de souffrance, s'adresse à tous. Aussi, JKZ s'est demandé comment l'enseigner aux américains qui faisaient peu de cas du bouddhisme (il y a 22 ans). Et, au-delà des Américains, au maximum de gens, car tout le monde souffre. JKZ a donc cherché un moyen de présenter cette pratique sans avoir à l’identifier comme bouddhiste, la majorité des gens ne souhaitant pas se convertir au bouddhisme : il enseigne donc l’essence du Dharma, sans le Bouddha Dharma. 

(JKZ a d’ailleurs publiquement posé la question au Dalaï-Lama, en lui demandant s’il voyait une différence entre le Dharma universel et le Bouddha Dharma, ce à quoi il lui avait répondu : « Non ». Sa réponse a confirmé que le Dharma se situait au-delà du bouddhisme. Et JKZ transmet l’essence du Dharma en se référant au sens commun, ce qui lui permet de s’adresser au monde entier, sans connotation bouddhiste).

* JKZ : « Je vais continuer dans cette voie de la Mindfulness, en rappelant toujours qu’il s’agit d’une pratique ancestrale que je n’ai pas inventée, mais d’un enseignement du Dharma dans une forme nouvelle, dans un nouveau contexte, plus mainstream, moins bouddhiste. Je passe beaucoup de temps à délivrer ce message, afin que les gens ne pensent pas qu’il s’agisse d’une simple pratique comportementaliste."

* la France et la méditation/MBSR :
JKZ : "Toute l’Europe était réceptive, sauf la France ! Il y a pourtant des centres bouddhistes en France. Alors, pourquoi ? On m’a répondu : « Descartes, l’église et l’état, l’âme et le corps, le rationalisme… » Et il est vrai que les Français sont méfiants à l’égard d’une pratique, en l’absence d’évidences scientifiques. Mais à présent qu’elles sont prouvées, cela devrait changer. Les Français ont donc été très lents par rapport aux autres pays, probablement pour des raisons culturelles et philosophiques. Mais lorsqu’ils bougent, ils le font sérieusement et s’y attachent dans la durée. En 2010, de jeunes Français sont venus nous voir aux États-Unis pour suivre une session de MBSR, alors qu’ils avaient passé six ans en retraite auprès de lamas tibétains en Dordogne ! Aussi leur ai-je demandé : pourquoi venir ici, après six ans de retraite ? Ils m’ont répondu : « Nous voulons apprendre à enseigner le Dharma dans le monde ». Je suis très heureux que l’enseignement de MBSR soit considéré comme le Dharma (terme que nous n’employons pas, sauf lorsque nous faisons référence à l’origine des enseignements) "
* La Chine et la méditation/MBSR (les chinois rejettent le bouddhisme mais acceptent la médiation occidentalisée):
JKZ : "J’enseigne aujourd’hui en Chine, j’y ai été reçu à l’École de Médecine et à l’Académie des Sciences. Ils se sont montrés très intéressés, ignorant l’histoire de leurs enseignements, issus de la tradition Ch’an. Les moines bouddhistes chinois m’ont confié que la seule possibilité d’enseigner aux Chinois passe par une transmission occidentale, les Chinois rejetant leurs discours. Il faut donc trouver un nouveau langage pour enseigner le même Dharma à des personnes peu tournées vers la spiritualité ou la religion, mais motivées par la guérison et le bonheur."
"Et si les Chinois se réconciliaient avec leur propre histoire du Dharma, cela pourrait avoir des conséquences énormes sur la géopolitique planétaire et apporter un équilibre au monde, en arrêtant un cycle de souffrances – notamment celles infligées aux Tibétains. La situation globale s’améliorerait... ".

Source : article de Dominique Godrèche, 2019 
Ethnopsychologue, écrivain, journaliste, auteur deSantana, une expérience de vie auprès de maître Goenka en Inde (Albin Michel)elle a introduit dans les années 80 une pratique thérapeutique pour les pour les addictions fondée sur la méditation Vipassana, dans le centre du Professeur Claude Olievenstein. 

Pour en savoir plus : Conférence à Strasbourg de Jon Kabat zin, 2016, Médiation et médecine du corps-esprit. 2:03 

https://youtu.be/YxCHU2qJqkw