Le trouble bipolaire grave et incurable … ? Mais non, je m’arrête quand je veux… (EDITO NOVEMBRE 2019)


Lorsque l’on a des troubles bipolaires de l’humeur, on commence par nier (le fameux déni) -et on le refera régulièrement- , une (vraie) maladie psychiatrique, moi ? grave et incurable ?
Exagérations médicales ! Je m’arrête quand je veux de délirer, d’avoir peur, de ne rien supporter, de me mettre en colère, de trop pleurer, ou de me refermer comme une huître, de ne rien comprendre aux autres, rien à rien. Ou de dépenser de l’argent, de boire, de prendre des substances, d’avoir des comportements à risques… d’ailleurs « je n’ai rien à faire en addicto, je ne suis pas une (vraie) alcoolique, je m’arrête quand je veux (adhérente - sic) ».  
Non, ce n’est pas grand-chose, question de volonté ! Trop de sensibleries, de bizarreries, de mauvaise humeur, de mauvais caractère, trop triste, trop pessimiste ou trop exaltée… mais, c’est mon tempérament et puis « on est comme ça dans la famille ».
Mais de là, à avoir une pathologie grave répertoriée qui nécessite des traitements dangereux pour le foie, le rein, la thyroïde et tous les organes, qui fait prendre 10-20-30 kg, qui mène tout droit aux hôpitaux psychiatriques «  faits pour les fous  »,  ah non, certainement pas !
Du moins, on oscille entre ces deux positions, « c’est grave », « ce n’est pas grave », « c’est incurable », « ce n’est pas grand-chose »… et certains événements de vie se chargent de remettre les pendules à l’heure.  
Oui, c’est grave, oui, on est vulnérables, plus vulnérables que la moyenne, des individus hypersensibles qui souffrent plus que la moyenne, qui meurent plus vite, qui se tuent plus (1 sur 5), mais peut-être qui ont des moments de vie plus riches que la moyenne, du fait de leur hypersensibilité et de leurs aptitudes à la passion et aptitudes tout court (c'est le pari).
Puissions-nous tirer tout le positif de cette maladie pour avoir une vie certainement bancale mais heureuse malgré tout (épisodiquement comme tout le monde) ? 
Rien ne nous empêche de faire une petite pichenette au destin,  faire dévier les déterminismes, maladie mentale = chemin de croix... mais plutôt, parions sur : maladie mentale =  c'est plus chaotique, mais c'est bien quand même, voire mieux ;) et surtout c'est possible !

Emmanuelle Douriez Nicou
Fondatrice mouvement Psy'hope
Présidente association Psy'hope Bordeaux