Pourquoi les patients en psychiatrie sont relativement protégés du COVID 19 ? Professeur Raphaël Gaillard, Président du Comité Scientifique de l’Encéphale, 7 mai 2020

 Image par Tumisu de Pixabay
"La maladie mentale n’est pas associée au désastre que nous pouvions craindre en période de pandémie mais au contraire à une résilience accrue, source d’enseignements pour tous. Il faut prendre le temps d’observer ce changement de perspective, d’en prendre la mesure."









Un phénomène tout à fait inattendu s’est imposé en psychiatrie : il semble bien que les patients soient relativement protégés des formes sévères de Covid.
Au pic de l’occupation des unités Covid psychiatriques des hôpitaux publics, le taux d’occupation des lits était de 14,8%. 
D’un point de vue empirique, les témoignages se multiplient, en France, en Italie et en Espagne
Des pistes pourraient en rendre compte : 
- L’isolement social des patients pourrait avoir réduit leur exposition au virus, avant même la mise en place des mesures de distanciation sociale et du confinement. 
 - Des facteurs génétiques et infectieux sont évoqués. La piste de l’effet antiviral de certains psychotropes est particulièrement excitante (dont celui notre bonne vieille invention française (une « trouvaille » disait Jean Delay), la chlorpromazine).
- L’effet immunomodulateur des psychotropes est également redécouvert, et il pourrait être utile pour cette maladie Covid qui s’avère être bien plus une vascularite systémique associée à un orage cytokinique et une dysimmunité qu’une maladie respiratoire. 
- Le tabagisme, dont la prévalence en psychiatrie reste élevée, pourrait également jouer un rôle protecteur, ce qui est contre intuitif : depuis le début de l’année le tabagisme a tué davantage de Français que le Covid-19 (le tabagisme tue chaque année 78 000 Français), mais les données préliminaires suggèrent qu’il protège du Covid-19 !

Professeur Raphaël Gaillard, Président du Comité Scientifique de l’Encéphale

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